Le Secrétaire Général de l’UMP
À: Philippe ASSOMPI
Nos Réf : JFC/JL/BR/AS
Le 07 juin 2011
Cher Monsieur,
Vous avez bien voulu me faire part de vos remarques concernant la politique menée par la France sur le continent africain.
Je tenais à vous assurer que j’avais pris connaissance de votre courrier avec toute l’attention qu’il mérite et que j’avais pris bonne note de vos observations.
Grâce à l’engagement du Président de la République, la France est aux côtés de ces peuples qui aspirent à la liberté, à la démocratie et la justice et dont les soulèvements sont aujourd’hui un symbole d’espérance.
Puisque notre devoir est d’accompagner ces changements, il nous faut refonder l’Union pour la Méditerranée afin d’aider ces populations, tant humainement que financièrement, dans leur transition vers la démocratie et éviter ainsi toute dérive extrémiste ou tout flux de migration incontrôlé.
Il est vrai que la diplomatie française, comme toutes les diplomaties des autres pays du monde, n’a pas anticipé les révoltes en Tunisie et en Égypte, car la caractéristique propre d’une accélération de l’histoire comme celle que nous sommes en train de vivre dans les pays arabes est justement de ne pas être prévisible (de même que pour la chute du régime de CEAUCESCU en Roumanie ou pour la chute du mur de Berlin).
Si la France, comme tous les États occidentaux et tous les gouvernements français successifs, de droite et de gauche, a entretenu des relations économiques, diplomatiques et politiques avec les régimes autoritaires en place, c’est d’abord parce que l’objectif même des relations diplomatiques est d’entretenir des liens avec tous les régimes du monde, et ensuite parce que ces régimes étaient également vus comme des remparts contre l’extrémisme religieux, le fondamentalisme et le terrorisme. Nous l’assumons pleinement et aujourd’hui nous nous réjouissons de cet élan démocratique qui correspond aux valeurs qui sont les nôtres : la liberté, les droits de l’Homme, la démocratie !
Notre pays, porteur des droits de l’Homme et garant des libertés fondamentales, soutient ces pays arabes dans leur quête de démocratie. Sans ingérence aucune et sans montrer une quelconque indifférence, la France les accompagnera dans ce processus de démocratisation avec toutes les valeurs universelles qu’elle défend. Nous nous devons d’accompagner ces changements historiques, d’aider les peuples et les dirigeants à réussir leur transition vers la démocratie.
Le Président a réorganisé le Gouvernement pour que ces bouleversements soient une chance pour les peuples tunisiens, égyptiens et je l’espère libyens, mais aussi une chance pour la France et les Français. Avec Alain JUPPÉ aux Affaires étrangères, avec Claude GUÉANT à l’Intérieur et Gérard LONGUET à la Défense, nous avons la meilleure équipe possible pour accompagner ses changements et tout en préservant les intérêts de la France et des Français.
Ce changement, nous ne devons en avoir peur, mais il faut effectivement en tirer toutes les conséquences pour la région et pour l’Europe. Nous devons rester vigilants. En effet, nous sommes conscients du fait que si les révolutions réussissent, elles seront un exemple pour les peuples soumis aux dictatures dans le reste du monde. Mais si elles échouent, elles seront une véritable force pour les terroristes et les extrémistes ! Nous pensons aussi
à la violence en Libye et aux risques que cela peut impliquer en termes d’immigration clandestine et de déstabilisation économique et sociale de la région.
Au niveau européen, le Président de la République a appelé l’Union européenne à prendre sans délai toutes les mesures pour lutter contre les flux migratoires incontrôlés en provenance de ces pays à la situation instable. En réponse à cet appel, l’agence européenne Frontex, en charge de la protection des frontières de l’Europe, s’est déployée, notamment dans l’île de Lampedusa, pour aider l’Italie à gérer les flux migrants en provenance d’Afrique du Nord. Frontex apporte aussi à l’Italie un soutien naval et aérien pour la surveillance des frontières. De leur côté, les États européens se sont mobilisés pour rapatrier les réfugiés égyptiens, qui cherchaient à fuir la Libye, vers leurs pays d’origine. La France a ainsi affrété trois avions gros-porteurs et le porte-hélicoptères Mistral pour raccompagner les Égyptiens vers Le Caire et Alexandrie.
Au niveau international, Nicolas SARKOZY a usé de toute sa force de conviction pour convaincre le Conseil de sécurité des Nations Unies de la nécessité d’agir pour mettre fin aux massacres, notamment en Libye. Œuvrer pour construire la paix et la stabilité dans ces pays, c’est le meilleur moyen de juguler les flux de réfugiés qui les fuient.
C'est dans cette même optique que la France s'est engagée en Côte-d'Ivoire.
Le 11 avril 2011, grâce à l'aide de la Force Licorne et de ses 1100 soldats français, Monsieur Laurent GBAGBO a été arrêté, cédant ainsi le pouvoir au Président légitime, Monsieur Alassane OUATTARA. Cet événement marque la fin d’une longue période d’incertitude et de violence dans ce pays. Je tiens à réaffirmer notre volonté de soutenir le travail qui sera mené par le Gouvernement du Président OUATTARA.
Cette arrestation marque un grand jour pour la France qui, fidèle à son amitié pour la Côte d’Ivoire et refusant toute compromission avec le Président déchu, n’a pas hésité à engager ses forces pour soutenir la démocratie et accompagner le peuple ivoirien dans sa marche vers la liberté. Nous tenons à saluer tout particulièrement le comportement exemplaire de nos soldats qui ont su agir de façon décisive, sans jamais sortir du cadre de leur mission.
Cette élection était attendue depuis cinq ans. Le respect de son résultat, c’est-à-dire de la victoire du Président Alassane OUATTARA, était donc vital pour la paix et la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, mais aussi pour l’avenir de la démocratie en Afrique. Cela montre que l’époque où des chefs d’État pouvaient se maintenir au pouvoir sans l’assentiment des populations est désormais révolue.
C’est la raison pour laquelle la France s’est mobilisée, dès le début de la crise, pour faire prévaloir le droit et la démocratie. Je me réjouis de l’unanimité réalisée par la communauté internationale au service de cet objectif. La France a eu le souci constant d’agir en étroite coordination avec les organisations africaines, l’Union européenne et l’Organisation des Nations unies. En avril 2011 suite à la résolution 1975 du Conseil de Sécurité de l'ONU, la Force Licorne a vu ses effectifs augmentés de 300 hommes dans le but de protéger les ressortissants étrangers, d'apporter un soutien à l'Organisation des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de détruire les armes lourdes des forces pro-GBAGBO utilisées contre des civils.
Le Président Nicolas SARKOZY, au nom de la France, a toujours appelé Monsieur Laurent GBAGBO à se retirer immédiatement, à faire cesser les violences et à céder le pouvoir pacifiquement au président OUATTARA, conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité.
Nous sommes toujours attentifs à la sécurité de nos ressortissants. Celle-ci constitue la priorité des forces françaises présentes en Côte d’Ivoire en soutien à l’ONUCI. Notre Ambassade est pleinement mobilisée pour la recherche de nos compatriotes dans ce contexte difficile.
Notre force armée a été en mesure de sécuriser différents points stratégiques de la
capitale économique. Ainsi, il a été possible de venir en aide à de très nombreux ressortissants, français et étrangers. La possibilité est offerte à nos compatriotes, sur la base du volontariat, d’emprunter des vols sur des aéronefs de l’armée française en direction de DAKAR et de LOMÉ. A ce jour, 1183 personnes dont des ressortissants de diverses nationalités ont été transportées à leur demande.
Je souhaite que le Président OUATTARA puisse mener à bien la mission qui lui incombe et puisse, dans les plus brefs délais, engager le processus de réconciliation nationale et de reconstruction économique, aujourd’hui indispensables pour l’avenir de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens.
Dans son soutien immédiat au président démocratiquement élu de la Côte d’Ivoire, l’UMP s’est montrée fidèle à ses valeurs et à ses engagements internationaux. Avant de voler au secours de la victoire, il aurait été heureux que l’opposition ait su faire plus tôt les choix qui s’imposaient.
Restant à votre entière disposition, je vous prie de croire, Cher Monsieur, à l'expression de mes sentiments fidèles et dévoués.
Jean-François COPÉ
Monsieur le Député, Secrétaire Général de l’UMP
Monsieur,
au moment où l’Afrique s’invite dans l’hémicycle du Palais Bourbon, il convient de faire un état des lieux de la politique africaine de la France.
Laquelle est aujourd’hui dictée par les forces occultes, la franc-maçonnerie, les affairistes de tous bords, reléguant aux calendes grecques le rôle du parlementaire.
Si au nom de la realpolitik, la France s’invente des raisons de laisser un pan de sa politique étrangère aux mains des groupuscules mafieux qui soutiennent les dictateurs africains, il faut avoir en conscience qu’elle est complice des crimes perpétuées par ces derniers.
Le printemps des peuples, lequel a pris naissance en Tunisie, est un mouvement irréversible. Il ne s’arrêtera pas qu’au nord de l’Afrique. Car l’évolution des nouvelles technologies, Internet, téléphone et autres, rendent universelles les exigences des peuples face aux notions de démocratie.
La France doit anticiper et réajuster sa diplomatie en fonction de cette nouvelle donne. Une diplomatie qui retrouvera ses lettres de noblesse à travers des signes forts.
Et, l’aboutissement judiciaire du dossier DES BIENS MAL ACQUIS, qui ne cesse d’enfler, en est un.
Très cordiales salutations.
Philippe ASSOMPI
NOTE: Monsieur le Secrétaire Général de l’UMP.
Monsieur le Député, je suis sincèrement touché par l’attention que avez voulu porter à mon e-mail et je vous en remercie. Je rappelle que rien ne vous obligeait de le faire. D’autant plus que vos collègues, responsables des principaux partis de l’opposition, à qui j’avais adressé le même courriel, n’ont brillé que par le silence.
Malheureusement je suis au regret de vous dire que vous n’avez pas du tout répondu à mes interrogations. Lesquelles portaient sur ce que le candidat Nicolas SARKOZY dénonçait le 24 Mai 2006 à Cotonou, je le cite: «Il nous faut la débarrasser, en parlant de la relation franco africaine, des réseaux d'un autre temps, des émissaires officieux qui n'ont d'autre mandat que celui qu'ils s'inventent.»
Un responsable politique de votre rang ne peut ignorer l’existence de ces réseaux.
Avec la montée en puissance d'Internet et des nouvelles technologies, ces réseaux ne sont plus en capacité de dissimuler leurs activités comme par le passé. Cela signale la fin d'une époque. Et, il devient contre nature de ne pas stopper cette relation, ô combien maffieuse.
C'est pourquoi, il appartient à la France, pendant qu'elle s'affaire en Libye et en Cote d'Ivoire, de réajuster sa politique africaine en fonction des nouvelles évolutions. Sinon elle perdra de sa superbe auprès des africains.
D’ailleurs il est hypocrite d’aborder la question de l’immigration sans que ce sujet ne soit traité et vous le savez.
Monsieur le Député, vous dites être un homme de débat, voilà un débat qui attend d’être ouvert.