Il y eut la jurisprudence ivoirienne, il y aura sans doute l'exemple gabonais. Plusieurs leçons à retirer du chaos actuel au Gabon :
- d'abord, on ne peut plus être élu par la force ou par la triche.
- On ne peut plus transformer la démocratie en instrument de pacotille qui vient suppléer finalement les dictatures.
Non, ceux qui veulent rester au pouvoir malgré le choix des électeurs eh bien, ils se font attraper. Parce qu'il y a la transparence, il y a Internet, il y a des réseaux sociaux, il y a des observateurs internationaux, il y a un monde médiatisé et cela devient de plus en plus difficile pour les tricheurs et les escrocs du pouvoir de se maintenir.
De toute évidence, Ali Bongo est de cette catégorie.
Ensuite, il y a une autre leçon plus inquiétante pour nous français. La FrançAfrique n'est plus ce qu'elle était et c'est tant mieux. C'était un surgeon du passé colonial.
Mais pour l'instant rien de bien clair n'a remplacé la FrançAfrique.
On voit bien qu'aujourd'hui Paris est à la fois ennuyé, inquiet de la situation au Gabon, ne veut pas mettre sa tutelle de manière trop visible. Et tout de même, en dessous, essaie de tirer les ficelles pour trouver une issue.
Quand on a pas le mandat de L'ONU, on ne peut pas recourir à la force. C'est une bonne chose.
Quand il n'y a pas de necessité de demander le mandat de l'ONU, comment fait-on ?
Comment amener à la raison les acteurs d'un système qui peuvent emporter tout leur peuple dans un chaos ?
C'est ça le devoir de la France.
Pas au nom du passé, au nom du présent, parce que cette jeunesse francophone nous concerne où qu'elle soit. Et, au nom surtout de l'avenir parce que l'avenir de l'humanité toute entière passe et passera de plus en plus par l'Afrique.
De son bon développement, démocratique et économique, dépend aussi une partie de notre bonheur futur.
L'edito de Christophe Barbier
Directeur de la rédaction de L'EXPRESS.
STATISTIQUES ETHNIQUES.
"C'est constitutionnellement impossible.
Pourtant, ce serait une confrontation utile au réel. Nous verrons alors la vraie photographie de la France. Beaucoup de discours politiques apparaîtraient alors pour ce qu'ils sont: anachroniques et caducs. Les principaux partis républicains doivent prendre conscience de ce nouveau visage métissé et imaginer de nouveaux programmes."
Alain Mabanckou
Romancier
Professeur au Collège de France 2015-2016.
Libération du 08 Septembre 2016.
Quand Emmanuel Macron dénonce la démographie africaine, il semble oublier que la France est une grande puissance colonisatrice et que depuis plus de trois siècles, les africains, avec leurs us et coutumes, vivent non seulement sur le territoire français, mais, ils sont français. La contribution des africains à la natalité en France est un fait majeur que beaucoup de politiques font semblant d'ignorer. Ce n'est pas un hasard si l'assemblée nationale compte désormais en son sein, neuf députés issus de l'immigration africaine.
Et, ce chiffre n'est que la partie visible de l'iceberg. En réalité, les français d'origine africaine peuvent représenter entre cinq à dix pour cent du corps électoral. Des hommes et des femmes dont les cœurs chavirent toutes les fois que les leurs périssent en mer méditerranée.
COMMENT AMENER À LA RAISON LES ACTEURS D'UN SYSTÈME QUI PEUVENT EMPORTER TOUT LEUR DANS UN CHAOS ?
Ainsi s'interroge Christophe Barbier.
Pour élucider cette question, il faut repartir à la fin de la colonisation, c'est-à-dire dans les années soixante. En effet, la relation spéciale entre la France et ses ex-colonies est mise en place à la demande du Général De Gaulle par Jacques Foccart, placé au poste de Secrétaire Général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, et se caractérise par le rôle des réseaux extra-diplomatiques (services de renseignement, entreprises, etc.) et l'ingérence directe des autorités françaises dans les affaires intérieures des anciennes colonies.
A la base, le système est conçu par la France dans le but d'avoir la mainmise sur le sous-sol africain. C'est ce qui explique que la FrançAfrique est plus prononcée en Afrique centrale, le centre du continent africain étant très riche en matières premières. Le Congo et le Gabon sont les deux premiers pays producteurs de pétrole du pré-carré français.
Même si la clé de la FrançAfrique se trouve dans le triangle des frères, dictateurs africains, politiques et médias hexagonaux, Paris-Brazza-Libreville, en ce qui concerne le noyau dur du système, le dernier mot revient à l'Elysée, article 14 de la Constitution de la Cinquième République.
Donc au delà l'influence maçonnique de plus en plus incontournable au sein de la FrançAfrique, la decision finale reste exclusivement élyséenne.
Avec la montée des nouvelles technologies, il n'est plus permis de faire la politique comme avant la chute du mur de Berlin. Car il y a désormais une transparence imposée par Internet, les réseaux sociaux, les lanceurs d'alerte étant aux aguets.
Face aux tricheurs là-bas, il y a ici un électorat dont le vote est assujetti à la politique africaine de la France. Face aux dictateurs et à la FrançAfrique, il y a les franco-africains. Tous égaux devant les urnes, un vote n'a pas de couleur. Dans le dégagisme, il y a un pourcentage de colère relatif à cette cause, à l'Elysée d'en tenir compte, rendez-vous en 2022.
Philippe Assompi
Lanceur d'alerte