Ces "millions d'hommes à qui l'On a inculqué l'agenouillement et le tremblement" (Césaire), manifestent-ils un syndrome de Stockholm?
Faut-il être Antillais/Domien (cf. Œuvres de Césaire, Eboué & Fanon) pour fabriquer une France africaine? Pourquoi l'Adulte des Africains, ne s'exprime-t-il pas sur les grands enjeux mondiaux? L'intelligence de la race se limite-t-elle à ce boycott controversé de la CPI?
Dans le témoignage que voici, Mobutu réalise-t-il la dimension de ridicule, de larbinisme, de parjure et de haute trahison qui colore cet échange avec Foccart:
"Je suis accueilli de la façon la plus sympathique par Mobutu, qui me parle d'un tas de choses pour finalement en arriver à l'économie. Les réserves de change sont au plus bas, et la situation du zaire restera très mauvaise jusqu'en 1975 à cause de la chute du cours du cuivre, de presque 50%. Aucune des prévisions qui avaient été faites pour établir le budget ne se réalise.
"Pourtant, dit-il, j'ai fait un effort méritoire. Lorsque je suis arrivé, le cuivre constituait 85% des ressources du budget, alors qu'en 1971 il n'en représente plus que 67%. Maintenant il faut conclure des accords financiers avec d'autres pays, pour soutenir notre monnaie et pour garantir les achats que nous ferons. Le gouverneur de la banque du Zaire a élaboré un projet et il propose de solliciter l'aide des Américains, qui ne demanderaient pas mieux, mais je souhaite diversifier le soutien. La question que je voulais vous poser -je n'en parle strictement qu'à vous et je vous demande de n'en parler qu'au président Pompidou- est la suivante: "peut-on passer des accords avec la France pour trois ans?" Je tiens à préciser tout de suite que, si M. Pompidou, pour une raison ou pour une autre, me dit que ce n'est pas possible, je comprendrai parfaitement. Dites-lui surtout que cela ne mettra pas du tout notre amitié en cause. S'il acceptait, il me faudrait un montant de 500 millions de francs à répartir sur trois ans pour garantir certaines dépenses et pour renforcer ma réserve en devises. Il faudrait me faire connaître les conditions de ce concours. Les Allemands et les Japonais m'ont fait des offres, mais encore une fois, je ne veux rien faire sans en parler d'abord avec la France."
Nous parlons de différentes affaires, puis nous allons voir ses gosses jouer dans la neige. Mme Mobutu arrive. Nous déjeunons tous les trois avec l'ambassadeur. Nous évoquons le plein succès du voyage de l'association France-Zaire, qui a aidé au rayonnement de la France. Il me dit: "Monsieur Foccart, je vais vous raconter quelque chose. Lorsque j'ai vu le général De Gaulle pour la première fois, la seule fois d'ailleurs, en 1969, je lui ai dit: "Mon général, ce qu'il y a de formidable, c'est que les chefs d'État Africains ont avec la France des liens extraordinaires comme si la colonisation n'avait pas existé. Quand vous les recevez, vous recevez véritablement des chefs d'État, avec toute la considération que vous avez pour les chefs d'État, et non pas comme un quelconque personnage qui aurait été anciennement votre ministre. Les Belges n'ont aucune considération pour les présidents, ni, à plus forte raison, pour les ministres. Ils traitent les ministres avec mépris comme une espèce de fonctionnaires. Il y a une différence considérable entre l'attitude des Belges et celle des Français, et le rayonnement de la France s'en trouve considérablement augmenté." Le général m'a répondu: "Non, ce n'est quand même pas à ce point-là?" -Si, si". Et alors le général a conclu par une phrase: "Eh bien, voyez-vous, c'est que la Belgique n'a ni l'esprit ni la dimension de la France. Je dois dire que Mobutu est enchanté de cette réplique, et il me garantit qu'il n'en a jamais parlé à personne."
Jacques Foccart, La France pompidolienne, Journal de l'Élysée-IV, 1971-1972, Fayard/Jeune Afrique, pp.217-218.
Françafrique: la seule façon de s'en sortir c'est de créer une France africaine qui gagnerait en grandeur, comme le souhaitait De Gaulle, et qui serait enfin Humanité, comme le souhaitait Victor Hugo.
Konda Matin
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